Les origines.
En l’absence totale d’archives, on ne sait rien du Parc l’annexion de la Normandie par le roi de France Philippe Auguste (1204). Par contre, il est remarquable que l’on connaisse, sans interruption, la succession des propriétaires du Parc depuis le début du XIIIème siècle jusqu’à nos jours.
Nous ne retiendrons pas, faute de preuves, les assertions de Robert Asselin, l’érudit historien de Port Bail, qui, dans le bulletin paroissial de Port Bail, attribue la possession du parc, avant 1204, à la famille d‘Aubigny. Cet auteur ne cite pas ses sources et nous n’avons rien trouvé permettant de confirmer ce qu’il avance.
Le toponyme « Le Parc » suggère l’existence d’un parc seigneurial à l’époque médiévale.
Les parc étaient de vastes étendues fermées par des haies épaisses et des fossés ou des clôtures de palis. Ces espaces clos, d’une superficie allant de 50 à 250 Ha, tenus par de grands féodaux laïcs ou ecclésiastiques, proches du pouvoir royal ou ducal, étaient consacrés à l’élevage d’animaux domestiques (chevaux, bovins, moutons, chèvres,…) ou de gibiers (cerfs, biches, daims, sangliers). Cette diversité de peuplement animal impliquait l’existence de secteurs boisés, de prairies et de zone inondables.
Au delà de la toponymie, la situation de l’actuel domaine du Parc par rapport à celui d’Olonde suggère l’hypothèse suivante : à l’origine, l’actuel domaine du Parc d’Ourville, pour sa plus grande partie, était le Parc seigneurial du Château d’Olonde. Il en aurait été détaché pour constituer le domaine réservé d’un nouveau fief noble crée au profit d’un cadet de famille.
On ne connaît pas la date de ce démembrement qui a pu avoir lieu entre 1205, année où Philippe-Auguste, nouveau maître de la Normandie, donna Olonde à son fidèle serviteur Richard d’Argences (1) et 1220, année où le registre des fiefs de Philippe-Auguste (2) nous apprend que Guillaume d’Argences tenait la quatrième partie d’un fief de chevalier prés d’Olonde :
« Guillemus ex Argentis tenet quartam partem unius féodi militis apud Orlandam. » Ce quart de fief de chevalier était le Parc, bien qu’il ne soit pas nommément désigné. Ce même Guillaume d’Argences possédait alors Ollonde : « Guillemus de Argentis tenet inde de dono regis orlandam que excidit domino Regi que debet servicium dimidi feodi »
On notera que Olonde relevait aux XIe et XIIe siècles de l’Honneur du Plessis (3) et que le plus ancien aveu du roi pour le fief du Parc (1403) mentionne que son possesseur doit au roi le service, au château du Plessis, d’un homme armé pendant dix jours (4). La coïncidence n’est peut-être pas fortuite.
Les limites conjecturales du Parc d’Olonde, dont la superficie pouvait être de 63 Ha environ, sont indiquées sur la figure ci-dessus, figure 3 (5).
Les clôtures en sont encore aisément repérables sur le terrain. En particulier :
- La Pièce de la Coudrière est en fait un double talus avec de profonds fossés. Il s’agit d’une « double haie » constituée de deux levées ou banques de terre parallèles portant chacune une rangée d’arbres entre lesquels est aménagé un passage.La Croûte (aujourd’hui la chasse) et le Plant sont bordés, en limite de l’ancien Parc, par un talus dont les dimensions (hauteur 2,40m, largeur à la base de 5 mètres, largeur au sommet de 4m) sont de beaucoup plus importantes que celles rencontrés traditionnellement dans le secteur (voir figure 4 et 5). On est en présence « d’une double haie » à une seule banque de terre dont la largeur au sommet assurait un étroit passage entre deux rangées d ‘arbres utilisables par les piétons et plus exceptionnellement les cavaliers. Les arbres de haut jet et les cépées ont disparu et il ne reste qu’un mauvais taillis.
- Le toponyme « La Haute Porte » situe l’entrée du Parc seigneurial. Une autre entrée devait probablement exister prés du château d’Ollonde.
- Les toponymes : La pièce du Bois, Le Bois, Le Pré du Bois, Le petit Bois aujourd’hui dans le domaine d’Olonde pour une superficie d’environ 14 Ha sont une « relique » de la partie boisée de l’ancien parc seigneurial.
Le Parc seigneurial d’Olonde n’a donc pas survécu, en tant que tel, au-delà du début du XIIIème siècle.
(1) Léopold Delisle, cartulaire normand de Philippe-Auguste, n°121.
(2) Mémoires de la société des Antiquaires de Normandie, volume XV, 1846, P.168
(3) Thomas Stapleton, Magni rotuli Scaccarrii Normanniae sub regibus angliae, Londres, 1840, p. clxxxvii et sq.
(4) Aveu de Collibeaux de Criquebeuf (23 novembre 1403), Archives Nationales, Paris, cote P/289/4.
(5) Selon Marie Casset, Les Parcs sont de formes elliptiques afin d’enclore une grande superficie avec un minimum de clôture
(M. Casset, un mode de gestion de l’espace rural : les parcs à gibier en Normandie au moyen-âge).
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